A la différence des autres consommateurs européens, les français sont par trop fidèles à leur banque : seulement 4,3 % d’entre eux changent de banque tous les ans (d’où sans doute, l’empressement des banques auprès des plus jeunes). Résultat : peu de concurrence, des tarifs qui augmentent, des frais qui se multiplient sans que cela correspondent à des services nouveaux, ou un rapport direct avec le prix de revient, sinon comment justifier l’évolution des frais de tenue de compte ? Or le coût moyen d’un compte bancaire atteint désormais 207 €, et changer de banque peut permettre de réaliser jusqu’à 340 € pour certains profils. Pour faciliter la comparaison de tarifs, l’association met en ligne un comparateur bancaire.
La compétition jouerait plutôt à la hausse. En outre, si on s’en tient aux litiges que nous rencontrons dans notre association, la qualité de service est plutôt en baisse (83 litiges recensés dans la Manche par notre association en 2016, contre 30 en 2010 ). Ajoutons à cela une baisse nette de dialogue, des difficultés à rencontrer des conseillers, voire des refus de rencontrer l’UFC de la part de l’encadrement comme cela a été deux fois le cas à Saint Lô en 2016 , 2 litiges non résolus à ce jour.
Les banques grignotent notre pouvoir d’achat.
Alors que les revenus stagnent pour le plus grand nombre, le coût moyen d’un compte bancaire augmente sans arrêt, 3 fois plus rapidement que l’inflation (7% contre 2%, les frais ont explosé + 25% sur la dernière année).
Certaines banques se signalent par leur dureté particulière en cas de difficulté financière, une dureté qui leur rapporte, bien sûr et pour quelques-unes, un propension à ne rien céder venant de banques, les plus inattendues, qui paraissent plus proche,plus « humaine » pour le grand public.
Ce qui devient insupportable, c’est cet enrichissement abusif au détriment des plus pauvres. Les commissions d’interventions sont certes plafonnées (80 € voire 40 € en théorie pour les publics fragiles) mais les banques se rattrapent sur le coût des courriers, les réductions intempestives de découvert et autres moyens.
Autre élément : les cartes de crédit à débit immédiat, crédits permanents qui progressent avec un risque amplifié de découverts avec les effets précédemment décrits et parfois des dossiers de surendettements à la clé.
Des conseillers qui assurent mal.
Certaines pratiques inacceptables sont apparues, pratiques qui nous sont parfois signalées comme celles de faire accepter des contrats d’assurances divers (voiture, habitat…) pour obtenir un prêt, une plus grande compréhension de votre banque sur votre découvert. (Je ne parle pas des assurances prêts immobiliers qui ont leurs règles spécifiques).
Autres exemple, cette année, des adhérents de Saint-Lô se sont retrouvés en difficultés suite à des mauvais conseils de la banque à propos d’une assurance qui leur avait été proposée par la banque elle-même. Dans les deux cas, les banques n’ont pas assumé à ce jour, les conséquences pécuniaires de cette situation sur le compte. En d’autres termes, elles se sont enrichies par des frais, agios divers sur une situation dont elles sont à l’origine.
La mise en place par les textes du « mandat de mobilité bancaire », l’échec d’une charte sur laquelle les banques s’étaient engagées depuis 2009
A la suite d’une enquête menée dans le département de la Manche, qui a fait l’objet d’une conférence de presse, le 11 octobre 2010, l’UFC Que choisir de la Manche faisait le constat que cette charte sur la mobilité bancaire était fort mal appliquée. Elle était à peine connue des conseillers, peu proposée et demeurait somme toute assez artisanale, résultats confirmés au niveau national. Devant cet échec, le législateur a rendu obligatoire de faciliter et d’automatiser la mobilité bancaire, c’est-à-dire de bénéficier d’un changement de banque facilité. Mais nous souhaiterions aller plus loin encore.
Une réponse imparfaite aux entraves à la mobilité bancaire
Si le «mandat de mobilité bancaire» instauré par la Loi Macron, et applicable à partir du 8 février 2017, qui prévoit le transfert automatisé des informations concernant les domiciliations bancaires (virements et prélèvements), constitue un progrès, sa mise en œuvre ne sera pas aussi aisée qu’attendu (voir notre infographie et notre vrai/faux. L’UFC-Que Choisir la Manche sera ainsi particulièrement vigilante quant à la gratuité et à la qualité du service proposé, notamment concernant la non-facturation de frais d’incidents sur compte clos ou insuffisamment approvisionnés, relatifs à des prélèvements ou à la présentation de chèques.
Plus largement, on ne peut que déplorer que la Loi Macron ne réponde pas aux entraves les plus redoutables à la mobilité bancaire, à savoir les engagements de domiciliation des revenus dans le cadre d’un crédit immobilier ainsi que les coûts de transfert des produits d’épargne. Face aux lacunes de la loi, un système de portabilité du compte bancaire, tel qu’il existe dans la téléphonie mobile, s’impose plus que jamais. Le rapport de la Commission européenne quant à la faisabilité de cette mesure, prévu pour septembre 2019, est à ce titre bien lointain.
Au vu de ces éléments, l’UFC-Que Choisir de la Manche, soucieuse de garantir aux consommateurs une information pertinente et une réelle concurrence dans le secteur bancaire :
– Met à la disposition de tous un kit de décryptage du nouveau dispositif de mobilité bancaire, composé d’une infographie et d’un vrai/faux ;
- Invite les consommateurs à utiliser son comparateur bancaire indépendant, en accès libre pendant 10 jours, afin de prendre conscience des gains de pouvoir d’achat qu’ils peuvent réaliser ;
- Demande aux pouvoirs publics européens et nationaux d’avancer sans délai vers un système de portabilité du compte bancaire, et dans l’attente de mettre en œuvre la redirection automatique des opérations passant sur l’ancien compte ;
- Demande la gratuité du transfert des comptes d’épargne réglementés (PEL, CEL).